Action Antifouchiste

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Original

Ce 20 avril, Trump reçoit le rapport commandé par décret le 20 janvier. Officiellement, il s’agit d’évaluer s’il faut invoquer "l’Insurrection Act" loi qui permet au président de déployer l’armée contre la population Une mise en scène formelle pour un pouvoir qui n’a déjà plus besoin du droit.

Photographie d'une page de l'insurrection act de 1807. Le titre indique :
CHAPTER LXXXIV. — AN ACT authorising the employment of the land and naval forces of the United States, in cases of insurrections.
Le paragraphe suivant commence par :
Be it enacted by the Senate and House of Representatives of the United States of America, in Congress assembled, That in all cases of insurrection, or obstruction to the laws...

L’Insurrection Act donne au président le pouvoir de déployer l’armée à l’intérieur des frontières. Sans contrôle réel. Sans l’accord des États. C’est la suspension de fait de la séparation des pouvoirs. Et c’est ce que Trump menace d'activer, sous prétexte de “crise migratoire"

Cette loi ne fixe aucune contrainte territoriale. Si Trump l’invoque au nom d’une “urgence à la frontière sud”, il peut en réalité déployer l’armée où bon lui semble et de mobiliser les gardes nationales. Aucun texte n’interdit d’étendre son usage aux villes ou aux États récalcitrant

Étape par étape En février dernier, Trump avait limogé les juges-avocats généraux de l’armée de terre et de l’armée de l’air. Leur rôle ? Évaluer la légalité des ordres donnés aux soldats. Sans eux, plus d’obstacles juridiques à l’obéissance aveugle.

Ce rapport est supervisé par deux pions nommés en janvier : Pete Hegseth et Kristi Noem. Le premier est un ancien militaire suprémaciste, passé par Fox News. La seconde ex gouverneure du Dakota du sud met en scène avec obscénité la répression

Photos de Pete Hegseth torse nu
Image 1 : il regarde la caméra, torse nu, arborant plusieurs tatouages dont une grande croix de Jérusalem noire au centre de la poitrine, un drapeau américain en noir et blanc sur le bras gauche, et d’autres motifs.

Image 2 : Zoom sur l’intérieur du bras droit avec un drapeau américain stylisé suivi de l’inscription "Deus Vult", une devise des croisades reprise par l’extrême droite.

Image 3 : Avant-bras avec l’inscription "We the People" (préambule de la Constitution américaine) en lettres gothiques.

Image 4 : Serpent enroulé façon Gadsden flag (symbole libertarien), entrelacé avec une épée stylisée.

Image 5 : Écusson noir et vert orné d’une épée rouge pointée vers le bas, entouré d’une bannière portant la devise latine "Ne Desit Virtus" (Que la vertu ne manque pas), emblème du 1er groupe des forces spéciales de l’armée américaine
Kristi Noem pose au centre, en tenue tactique, fusil d’assaut en main, entourée de deux agents en uniforme militaire. Tous trois sont armés et en équipement lourd, debout devant un véhicule blindé

À la veille de sa restitution les médias US annoncent que le rapport ne recommandera pas l’invocation immédiate de l’Insurrection Act. Mais le terrain a été balisé, la suspension des droits et le recours à l’armée contre la population est devenu une option légitime

Cette menace de répression totale qui plane ne cache pas que ce régime ne se contente plus de contourner le droit : il le refonde sur d’autres bases. Déporter sans jugement, criminaliser la solidarité, gouverner par l’exception

L’administration Trump s’efforce de donner le change : apparence de légalité, procédures respectées sur le papier. Mais dans les faits elle contourne, neutralise et piétine le droit dès qu’il s’oppose à son projet autoritaire. L’affaire Abrego Garcia en est la démonstration

Kilmar Abrego Garcia a été expulsé illégalement vers le Salvador malgré une décision unanime de la Cour suprême. Présent aux États-Unis depuis 2011, il vivait légalement dans le Maryland avec sa femme et son fils, tous deux citoyens américains. www.france24.com

www.france24.com
Qui est Kilmar Abrego Garcia, symbole des errements de la politique anti-migrants américaine

D’abord présentée par le gouvernement comme une “erreur administrative”, l’expulsion d’Abrego Garcia a ensuite été justifiée par une accusation fabriquée de toutes pièces : des liens imaginaires avec le gang MS-13, récemment classé organisation terroriste par les États-Unis.

Dans la foulée Sebastian Gorka le conseiller antiterroriste de Trump menace de poursuites toute personne défendant publiquement Abrego Garcia. Revendiquer ses droits devient, selon lui, un acte de complicité avec le terrorisme

Abrego Garcia est aujourd’hui détenu au CECOT, la prison-miroir du projet sécuritaire de Trump. Là même où Kristi Noem est venue se mettre en scène.

Kristi Noem, en tee-shirt blanc et casquette frappée d’un insigne de police, se tient au premier plan devant une cellule surpeuplée. Derrière elle, des dizaines de prisonniers torse nu, tatoués, sont entassés derrière des barreaux. L’image a été prise dans la prison de haute sécurité du Salvador CECOT

Il ne s'agit pas d‘un cas isolé. C’est la construction d'une doctrine comme une démonstration de force. L'administration Trump a, aux yeux de toute l'Amérique, menti, fabriqué de fausses accusations et ignoré une décision unanime de la Cour Suprême.

Désigner des ennemis intérieurs, les relier arbitrairement à des “menaces terroristes”, puis criminaliser toute solidarité. C’est la matrice de l’État fasciste que Trump prépare

L’Insurrection Act ne supprime pas les droits formellement — il les rend inaccessibles. L’armée peut arrêter, disperser, réprimer, occuper, sans contrôle immédiat. Personne ne répond de rien. La loi existe encore, mais plus personne ne peut s’en servir.

C’est déjà la logique du régime Trump : les décisions de justice ne sont pas abolies, elles sont ignorées. Les droits ne sont pas supprimés, ils sont contournés. Le pouvoir ne casse pas le droit, il le vide. L’Insurrection Act ne ferait qu’officialiser et radicaliser ce fonctionnement

L'université Harvard a par exemple été sommée illégalement de livrer les noms des étudiants étrangers impliqués dans des mobilisations sur le campus. Étudiants qui pourraient être ensuite déportés au Salvador pour terrorisme.

Devant le refus du doyen Kristi Noem retire des millions d'euros de subvention, supprime des milliers de visas et agite la menace de retirer le droit d’accueil des étudiants internationaux.

Et pendant ce temps-là, Trump arbore les "preuves" censées prouver la culpabilité d'Abrego Garcia...

Donald Trump dans le Bureau ovale tenant une feuille imprimée avec une photo de tatouage et le nom « Kilmar Abrego Garcia MS-13 Tattoo ». 
Sur la photo on voit un poing fermé. Sur 4 doigts de gauche à droite, une feuille de cannabis, un smiley, une croix chrétienne, une tête de mort.

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